

Constance Guisset a repensé les espaces d’accueil du Théâtre des Champs-Élysées avec justesse et élégance. En jouant avec les lignes, les matériaux et la lumière, elle insuffle une esthétique contemporaine tout en respectant l’architecture d’origine. Assises inédites, alcôves, mobilier sur mesure… un nouvel accueil, plus fluide et chaleureux. Portrait d’une designer à l’univers singulier.
En quelques mots, quel est votre parcours ?
Je suis designer, diplômée de l’ENSCI. Avant cela, j’ai exploré d’autres parcours. J’ai commencé par des études de commerce à l’ESSEC, avant de réaliser que c’était le culture et l’art qui m’intéressaient. Après un master à Sciences Po, je suis devenue administratrice d’une galerie d’art. Etre proche des artistes ne me suffisait pas, c’était de création que j’avais envie. J’ai alors commencé mes études de design, puis j’ai fondé mon propre studio en 2009. Aujourd’hui, il compte une dizaine de personnes et nous concevons des objets, des scénographies et des projets d’architecture intérieure.
Quelle est votre mission auprès du Théâtre des Champs-Elysées ?
Repenser les espaces d’accueil du spectateur, depuis la billetterie jusqu’aux différents bars en passant par les assises dessinées ou disséminées le long du parcours. Je tente de proposer un ensemble fonctionnel et contemporain qui s’inscrit avec justesse dans les espaces historiques du Théâtre.
Entre la réception de l’appel d’offre et la mise en place du mobilier au Théâtre, quelles furent les étapes ?
Comme dans tous les projets, tout a commencé par une analyse des besoins et une écoute attentive des différents acteurs. Il faut prendre en compte l’architecture existante, les contraintes matérielles et patrimoniales, les souhaits de la direction du théâtre, les nouveaux usages à anticiper… La synthèse de ces éléments permet de proposer un projet, avec lequel nous avons remporté l’appel d’offre. Ensuite, pendant quelques mois, nous avons travaillé main dans la main avec le théâtre pour affiner notre proposition et l’adapter davantage. Le choix des emplacements, des dessins et des matériaux a été déterminant. Nous avons comparé les couleurs, les teintes, les tissus, les essences de bois pour travailler une continuité avec l’existant tout en intégrant des nuances contemporaines. Enfin est arrivé l’appel d’offre pour trouver l’agenceur idéal et les travaux ont pu débuter !
Avec quels partenaires travaillez-vous pour le projet de réaménagement ?
Les partenaires sont nombreux. Il y a tout d’abord l’équipe du Théâtre, avec nous dialoguons constamment. Pour la conception, nous sommes accompagnés par SLA Architecture, qui pilote la gestion du projet et du chantier. L’éclairage est conçu par ProjetScénie. Pour la fabrication, les agencements sont réalisés par Paul Champs, les tissus sont fournis par Pierre Frey et les tables sont fabriquées par Chaudrolux.
Avec votre œil expert en design, quelles sont pour vous les particularités et les atouts du Théâtre des Champs-Élysées ?
C’est un lieu à la fois historique et contemporain, qui mêle les aspirations et l’architecture d’Auguste Perret à un décor Art Déco. C’est le premier théâtre en béton, une idée audacieuse et novatrice. Il s’agit donc de rendre un hommage à ce travail exceptionnel tout en prolongeant ce souffle de modernité à notre temps. Par ailleurs, j’aime beaucoup Perret. J’ai déjà eu l’occasion d’imaginer une pièce sur mesure, inspirée de son appartement. Il s’agit de la lampe Auguste, qui avait été exposée in situ dans le cadre de l’exposition Genius Loci. Continuer à observer sa ligne et à m’en inspirer me réjouit beaucoup.
Quel fut votre premier souvenir au Théâtre des Champs-Elysées ?
Je ne me souviens pas de la première fois où j’y suis entrée. Mais, quand j’en franchis le seuil, j’ai toujours l’impression que c’est une nouvelle première fois tant j’aime le vestibule et la salle. J’ai aussi un souvenir ému du Winterreise d’Angelin Preljocaj, dont j’avais réalisé la scénographie. C’était encore un nouveau sentiment de découvrir les coulisses du lieu. Même après avoir conçu de nouveaux agencements, j’espère que cette impression à la fois de nouveauté et de familiarité va se perpétuer.
Et le premier morceau de musique que vous avez écouté dans votre enfance ?
La chanson Ah c’qu’on est bien dans son bain d’Henri Salvador. Chantée par ma mère à chaque bain. J’ai ensuite perpétué cette tradition en la chantant à mes frères et sœurs, puis à mes enfants.