Déployant de captivants jeux de miroirs, Krzysztof Warlikowski signe une mise en scène mémorable
Le Chevalier à la rose, Strauss
La mise en scène
Krzysztof Warlikowski offre une lecture contemporaine du Chevalier à la rose et explore les liens entre désir, pouvoir et identité sexuelle dans une "une époque où l'interrogation du genre occupe une telle place". Son parti-pris scénographique multiplie les perspectives. Il souligne la dimension du « théâtre dans le théâtre » contenue dans l’ouvrage en imaginant des scènes où tous les protagonistes deviennent les acteurs d’un spectacle dans le spectacle (La Maréchale assiste en spectatrice à la rencontre entre son amant et sa rivale…). Cette impression de double regard est renforcée par la présence de la vidéo sur scène - visages filmés, scènes projetées en parallèle de l’action. Le metteur en scène insiste par ailleurs sur l’artifice, le contraste entre la façade (l’élégance, la parade, le raffinement social) et ce qui se cache derrière (l’usure du temps, la désillusion, la solitude).
La scénographie et les costumes
Małgorzata Szczęśniak signe une scénographie riche en symboles et en références architecturales, s’inspirant du Studio de la Comédie des Champs Élysées mais également de la “Maison de verre” imaginée par Pierre Chareau dans le 7ᵉ arrondissement à Paris. Ce mur de verre joue sur la transparence, les reflets, et la séparation entre acteurs et spectateurs. Le décor, modulable, passe d’un appartement cossu de la Maréchale à des espaces publics— des loges et fauteuils de théâtre. Des projections vidéo sont employées pour révéler l’intimité des personnages ou accentuer les moments de nostalgie ou de dévoilement (par exemple une vidéo montrant la Maréchale et le Chevalier nus dans un drap après une nuit d’amour, ou la Maréchale seule dans le foyer conjugal à la fin de l’ouvrage).
Les costumes (signés également par Małgorzata Szczęśniak) mélangent les époques, les styles et les références - entre codes aristocratiques, éléments contemporains et touches excentriques - soulignant l’instabilité des apparences et des identités. Le personnage d’Octavian, traditionnellement en travesti, explore la question du genre. Son apparence mêle éléments masculins et féminins dans une esthétique hybride, brouillant les repères traditionnels. Cette approche s’étend à l’ensemble des personnages de la Maréchale, à Sophie et au baron.
Dans la presse
Krzysztof Warlikowski propose une relecture audacieuse et habile
Transformant l’opéra en un manifeste sensible dédié à l’amour entre femmes, Krzysztof Warlikowski bouleverse et touche au cœur profond de l’œuvre
La direction d'acteurs est dynamique et précise, les costumes superbes, bariolés et complètement déjantés, tandis que la vidé (est) pleine d'à-propos
Documentation disponible
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(c) photos : Vincent Pontet