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Le portrait de Juliette Clerc

Depuis le début de la saison, Juliette Clerc, danse-thérapeute, mène grâce au mécénat de la Fondation Engie des ateliers au Théâtre des Champs-Elysées avec des personnes en situation de handicap psychique. Découvrons son travail et la façon dont s’est mise en place cette nouvelle initiative du TCE.

Quel est votre fonction auprès du Théâtre des Champs-Elysées ?

Je suis intervenante extérieure au Théâtre des Champs-Élysées.

Danse-thérapeute de profession, j'accompagne un groupe de personnes handicapées mentales dans un projet de danse en partenariat avec le Théâtre des Champs-Élysées. Ce projet aboutira à une représentation d'un spectacle le 11 juin au Studio Coupole du théâtre.

 

Qu’est-ce que la danse-thérapie ?

J'aime cette définition de la danse-thérapie proposée par l’American Dance Therapy Association : « l’utilisation psychothérapeutique du mouvement en tant que processus pour aider un individu à retrouver sa propre unité psychocorporelle ».

La danse-thérapie utilise la danse comme une médiation dans la relation thérapeutique et permet d’acquérir une meilleure unité psychocorporelle.


Depuis combien de temps travaillez-vous avec Théâtre des Champs-Elysées et comment votre collaboration a-t-elle débuté ?

Il y a un an, début 2024, j'ai été contactée par le Théâtre des Champs-Élysées pour participer à un projet de danse avec un public fragile, autour des Jeux Olympiques, l'idée étant de mélanger des danseurs valides et non valides.

Ce projet n'a pu aboutir, mais cela a enchaîné sur une proposition pour monter un projet très libre de danse, avec un groupe de personnes fragiles. Les contours du projet se sont montés en juin et les répétitions au sein du Théâtre ont débuté en octobre 2024, avec un groupe de danseurs handicapés mentaux qui venaient de deux CAJ (centre d'accueil de jour), avec qui je travaille depuis quelques années.

 

Quel lien existe-t-il entre l’atelier que vous proposez et l’opéra participatif Un Élixir d’amour ?

Dès juin nous avons convenu avec l'équipe du Théâtre qu'il serait intéressant de s'appuyer sur un spectacle proposé par le TCE. Nous avons choisi l'opéra participatif, Un Élixir d'amour.

Ce choix m'a été suggéré car il existait un important matériel pédagogique, créé pendant le covid, autour de ce spectacle. Dès l'été, les deux groupes ont pu regarder au sein de leur CA les vidéos, écouter les chants, et donc commencer à s’imprégner du spectacle pour démarrer la danse dès octobre 2024.

Le spectacle de danse reprend la dualité que l'on retrouve dans l'opéra : d'une part, le travail à l'usine, avec une gestuelle très répétitive, contrôlée, pour fabriquer l’élixir d'amour. Et d'autre part, les rencontres, l'amour et enfin la fête symbolisée par le mariage, avec des mouvements beaucoup plus libres.

La préparation de ce spectacle a un effet cathartique pour les danseurs. Ils peuvent accéder à des situations de vie dont ils sont éloignés par leur handicap mental. Le plus bel exemple est d'avoir pu donner le rôle de Adina à une femme dont le plus grand rêve est de se marier.

 

Comment vivent les stagiaires leur première découverte du TCE ?

Les stagiaires pour la première répétition sont passés par l'entrée des artistes et du personnel, l'arrière du Théâtre. Aucun n'était déjà venu au Théâtre. Ils ont été très impressionnés par la façade.

Pour accéder à la salle de répétition, il y a un dédale de couloirs et d'escaliers, un grand ascenseur. Tout cela a participé à les impressionner. Mais ce qui les a le plus marqués c'est quand ils ont su que la salle de répétition était au-dessus de la salle de spectacles et que sous eux, il y avait le lustre de la grande salle.

Une anecdote rigolote : pour la deuxième répétition au Théâtre, un groupe est arrivé après le premier qui était déjà en salle de répétition. Un des danseurs de ce deuxième groupe a persuadé l'éducateur qui les accompagnait d'entrer par le hall car c'était par là qu'on accède à la salle. La curiosité pour ce lieu prestigieux était très active.

Les danseurs vont enfin connaître l'ensemble du Théâtre car ils vont avoir droit à une visite complète du théâtre.


Et vous, quelle fut votre premier souvenir du TCE ?

J'ai eu l’occasion d'aller voir plusieurs spectacles avant d'accepter ce partenariat. Au premier rendez-vous avec l'équipe, je suis tout d'abord passée par l'entrée du personnel. Puis j'ai eu une visite privée du théâtre en passant par les coulisses. J'étais comme une enfant qui découvre l'envers du décor, cela m'a beaucoup impressionnée et je me suis sentie très privilégiée.

Mais le plus marquant, c'est de circuler dans cet espace de la salle de spectacles et des couloirs du théâtre, en tout petit comité. L'espace était au repos de la foule des spectateurs et j'avais ce lieu magique pour moi.

Le premier morceau de musique que vous avez écouté dans votre enfance ?

Ce qui me vient en premier est La Flûte enchantée de Mozart, je me souviens avoir eu le disque 33 tours, et ce nom ne pouvait que faire rêver...