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Le portrait de Lucie Larnicol

Investie depuis cinq au Théâtre des Champs-Elysées en tant que cheffe de chœur, Lucie Larnicol prépare notamment les élèves qui viennent assister aux opéras participatifs.  En attendant de chanter guidés par le chef d’orchestre, les enfants pourront perfectionner leurs chants avec Lucie. Elle vous dévoile les coulisses d’Une Petite Flûte.

Quel est votre métier au Théâtre des Champs-Elysées ?

J'interviens au TCE comme cheffe de chœur, dans le cadre de la production jeune public annuelle. S'agissant d'un opéra participatif, mon activité se déploie sur trois niveaux : apprendre aux équipes enseignantes tous les chants, afin de leur donner les clés nécessaires pour qu'ils travaillent en classe de façon plus assurée et efficace, diriger les ateliers scolaires de la grande salle à l'approche des représentations, et enfin diriger les chants participatifs lors des représentations tout public. 


Depuis combien de temps travaillez-vous avec le Théâtre ?

Ce sera déjà ma sixième année avec le Théâtre ! J'ai eu la chance de travailler sur plusieurs opéras adaptés pour le jeune public, comme Une CarmenUn Rigoletto, Les petites Noces, Un Elixir d'amour, Une Cenerentola et pour cette saison La Petite Flûte

 

Ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

 C'est évidemment la transmission de la musique, de guider le chœur dans l'œuvre musicale tout en faisant évoluer le son et le timbre de l'ensemble vocal. Dans les publics amateurs, ou non avertis à l'exercice du chant choral, il me paraît essentiel de leur faire vivre un moment ludique tout en transmettant de nombreuses clés et outils pour être à l'aise avec leur voix, pour oser lâcher prise, individuellement et dans le groupe. Transmettre les paramètres techniques nécessaires, phrasés, respiration, articulation, intentions et caractères, afin de faire progresser le chœur et aller au plus près de l'intention du compositeur. Ce qui me plaît plus globalement, c’est la rencontre humaine et collective, d'être la médiatrice entre l'œuvre et le chœur. J'essaie de leur faire partager mon amour du répertoire choral afin de vivre ensemble une expérience musicale et esthétique. 

 

Quel est le premier morceau de musique que vous avez entendu dans votre vie ?

Sans doute une douce comptine à ma naissance, que mes parents me chantaient pour m'endormir !

En tout cas, de mémoire, ce n'est pas de l'opéra ! J'ai baigné toute petite dans la chanson française, avec Brel et Brassens que mes parents adoraient. Du côté du répertoire "savant", je pense à l'œuvre de Chopin notamment, car le piano était très présent chez moi.   

 

D’après vous, quelle est la particularité de l’opéra participatif Une Petite Flûte ?

La Flûte Enchantée est un opéra qui a plusieurs niveaux de lecture et d'interprétation.  À la fois d'une grande profondeur philosophique, il est également une fable initiatique qui offre au jeune public la possibilité de s'identifier, mais également de rêver. Avec la Petite flûte, adapté en français dans un format d'une heure, le jeune public accompagne Tamino et Papageno dans leurs aventures fantastiques et fantaisistes. Peut-être plus que d'autres opéra adapté au jeune public, celui-ci emmène vraiment l'enfant dans un univers qui lui est très proche : des aventures chevaleresques, des instruments magiques, des lieux extraordinaires, une sorcière et un sorcier mystérieux, tout l'univers du conte pour enfant en est imprégné. Tous ces ressors permettront je crois aux jeunes spectateurs de vivre pleinement la dramaturgie et l'œuvre musicale. 

Enfin, d'un point de vue plus technique, les chants participatifs reprennent de grands airs emblématiques de la Flûte, et permettent au public d'apprendre et de chanter en chœur les "tubes" de la Flûte, mais en y incluant sur quatre chants quelques mots exprimés en langage des signes, ce qui est une première. 

 

Un moment avec les enfants lors d’un opéra participatif qui vous a particulièrement marqué :

Peut-être simplement, assister a une représentation scolaire et observer la grande salle du TCE se remplir d'une fourmilière d'enfants tout excités et agités sur les beaux fauteuils, et voir le théâtre changer complément d'identité et d'atmosphère le temps d'une représentation. Par rapport aux autres productions de la saison, les codes du public changent assez radicalement. Aux applaudissements se mêlent de élans de félicitions et cris de joie et de rires, d'enfants qui sautillent en applaudissant, les saluts deviennent un torrent de joie de petits individus en devenir. Voir plus de milles petites personnes exprimer tant de joie et de spontanéité est très émouvant et un élan de vie très fort. 

 

Quelle différence y a-t-il entre travailler avec des enfants ou avec des chanteurs professionnels ?

Ce sont deux casquettes de cheffe de chœur très différentes. Avec les pros, on est tout de suite sur la technique et l'interprétation, au plus proche de la partition. La justesse harmonique et le travail de la couleur de l'ensemble est essentielle, et il ma mission d'aller le plus loin possible dans l'exécution, trouver une communion des voix professionnelles qu'elles s'accordent et vibrent ensemble. 

Avec un public amateur, notamment les enfants, il est très important de travailler sérieusement en variant beaucoup les outils de jeux et de travail, de faire découvrir la voix dans tous ses états afin de la rendre libre et souple. 

Néanmoins, professionnels et amateurs, il est très important d'accorder les choristes sur les notions techniques et esthétiques, le phrasé, l'intention, la dynamique de la pièce, et surtout de créer ensemble une synergie musicale.

 

Pour vous, quelle est l’importance de la découverte du chant lyrique et de l’opéra pour les enfants ?

L’opéra est un spectacle vivant complet, multidimensionnel. Les enfants y découvrent une histoire, un argument et une partition qui sont sublimés par la dramaturgie, les décors de la scénographie, les costumes, ainsi que tous les artistes, solistes, le chœur et l'orchestre. Tous leurs sens sont mis en exergue, ils traversent plusieurs émotions, baignent dans une variété d'atmosphères, c'est d'une grande richesse pour ces êtres en devenir. Assister à des productions lyriques leur permet aussi de s'ouvrir à un univers parfois dont ils sont très éloignés.