

Je ne saute pas, justement, je prends le temps de sortir de mon lit en douceur… et ensuite, je vais marcher ou courir. J’ai longtemps été un lève-tard, c’était d’ailleurs un petit conflit avec mon père qui me disait que l’avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt. Mais c’est fini depuis que j’ai un fils. Depuis plus de 15 ans, j’ai le plaisir de voir le soleil se lever, et pas parce que je rentre d’une nuit d’exploration ou de fête !
De l’administratif, du secrétariat. Il y en a toujours trop.
Au moins aller voir la couleur du ciel.
Je suis un peu influencé, car je viens de faire un jogging au Luxembourg, c’est plein de tons jaunes, rouges, mordorés… Non, curieusement, ce sera le vert, bien que ce ne soit pas ma couleur préférée ; le vert qui me fait penser à la forêt de mon enfance, près d’Etiolles, en région parisienne. L’odeur sera celle du chocolat chaud – depuis que je suis né, j’y trempe ma tartine, ça fait marrer mes amis mais c’est comme ça ! Et le son, c’est celui des cloches de l’église du village où je suis né, où habitaient mes parents, où ma mère vit encore et où mon père est enterré. J’y retourne souvent.
Aucun des deux. Je ne peux pas dire que j’aime vraiment ça, mais je le fais comme une prophylaxie.
La musique de la nature. Le son de la rivière de mon enfance, du vent dans les feuilles, de l’orage, des oiseaux. Et le silence.
Ce seraient Les Nymphéas de Claude Monet.
C’est un jour associé à la famille, aux racines… Aller voir ma mère, mes frères. J’ai 4 frères – mes demi-frères ont 10-15 ans de plus que moi. C’est une grande famille à la culture nord-africaine, pied noir, méditerranéenne, qui a le sens du sang et un rapport fusionnel. C’était une famille plutôt matriarcale, une grand-mère et 4 filles, qui sont donc ma mère et mes tantes : les femmes qui règnent sur cette famille et qui la nourrissent.
Avec mon fils – même si, aujourd’hui, il aime un peu moins passer le dimanche avec son père – j’allais souvent jouer au tennis, ou en forêt, ou taper une balle de golf…
C’est le jour des gâteaux ! A chaque femme dans la famille est associée une odeur de gâteau : la tarte aux pommes et la marquise de chocolat de ma mère, le « gâteau de fête » de ma grand-mère, la brioche de ma tante…
Il y a un livre qui me vient à l’esprit, avec ce côté nostalgique et crépusculaire du dimanche : La valse aux adieux de Kundera qui a cette couleur un peu bleutée et en même temps tendre.
Cela m’évoque l’enfance, un bon Louis de Funès le dimanche soir, à la télé. Je ne vais pas beaucoup au cinéma, je regarde les films surtout en avion. Un vol long-courrier de 11-12h, c’est un dimanche au carré ou au cube, on a le temps de lire un livre, de voir trois films… C’est l’une des dernières parenthèses de liberté totale, claustrale. Mais j’ai entendu qu’il y aura maintenant du wifi dans les avions !
Ce ne serait pas un bon souvenir, car ce serait la veille de la rentrée des classes. Enfant, je n’aimais pas me lever le matin, c’était toujours difficile. J’aimais aller à l’école pour voir mes amis, j’étais plutôt un bon élève – disons, un bon élève paresseux. Mais être obligé de se lever le matin, en hiver… c’est pour cela que le dimanche provoque chez moi une pointe d’angoisse. D’ailleurs, je trouve toujours cela un peu inhumain lorsque je vois des enfants partir à l’école, dans la nuit, avec leur cartable sur le dos. J’ai l’impression de voir des mineurs partir à la mine, c’est antinaturel !
Ce que j’adore, c’est qu’il n’y a plus de lundis avec ce métier ! D’ailleurs, j’enseigne au Conservatoire de Paris depuis 3 ans, et la première année, l’un de mes cours avait lieu le lundi. Je ne l’ai pas supporté – le dimanche était redevenu la veille du retour en classe ! L’année suivante, j’ai demandé à changer de jour.
Ce serait comme dans le film avec Andy McDowell, Un jour sans fin, un jour sans lundi, la semaine des 7 dimanches. Le temps qui s’arrête, qui devient vertical, immobile, et non plus une série de jours qui tombent l’un sur l’autre comme des dominos, qui s’absorbent, s’aspirent… ni même une semaine de vacances. Un jour hors du temps.
Ah, aujourd’hui c’est une journée splendide, alors ce serait à la buvette du parc de Luxembourg, avec une bonne écharpe.