Continuer sans accepter

Nous respectons votre vie privée

Avec votre accord, nous utilisons des cookies ou technologies similaires pour stocker et accéder à des informations personnelles comme votre visite sur ce site. Vous pouvez retirer votre consentement ou vous opposer aux traitements basés sur l'intérêt légitime à tout moment en cliquant sur "En savoir plus" ou dans notre page dédiée aux cookies sur ce site.

Bienvenue sur le site du Théâtre des Champs-Elysées

Le Théâtre des Champs-Elysées et ses partenaires déposent des cookies et utilisent des informations non sensibles de votre appareil pour améliorer leurs produits et afficher des publicités et contenus personnalisés. Vous pouvez accepter ou refuser ces différentes opérations. Pour en savoir plus sur les cookies, les données que nous utilisons, les traitements que nous réalisons et les partenaires avec qui nous travaillons, vous pouvez consulter notre page dédiée à la gestion des cookies.

    Calendrier

    C’était il y a 110 ans… #3

    © Roger Violet

    Episode 3
    Le Sacre du printemps reste incontestablement lié à l’histoire du Théâtre qui l’a vu naître il y a 110 ans le 29 mai 2013. Mais revenons aux origines, en avril 1913, où Nijinski, star des Ballets Russes et depuis peu intronisé chorégraphe de la compagnie, répète les deux créations, Jeux que nous avons évoqué dans l’épisode 2 et Le Sacre du printemps. Le jeune danseur prodige a déjà séduit tout Paris depuis plusieurs saisons mais ce printemps-là, la présence de la troupe de Diaghilev dans le nouveau Théâtre de l’avenue Montaigne attire tous les regards.  

    Igor Stravinsky et Vaslav Nijinski
    Programme de la Saison des Ballets Russes © Fonds Archives TCE - Igor Stravinsky et Vaslav Nijinski, 1912 © DR

     

    « Quoi qu’il arrive, le ballet doit être exécuté jusqu’à la fin »
    Lors de la soirée du 29 mai, Le Sacre du printemps est le second des quatre ballets du programme, mais il va focaliser à lui seul toutes les attentions et créé un véritable «électrochoc». Ce soir-là, le Théâtre fut non seulement le lieu de l’un des plus célèbres «scandales» artistiques mais aussi celui où se tourna de façon irréversible une page majeure de l’histoire de la musique et de la danse. Précédé des romantiques Sylphides et suivi du poétique Spectre de la rose et des athlétiques Danses polovtsiennes du Prince Igor, Le Sacre, à la partition forte et novatrice à bien des égards, appartient sans conteste à celle dont Proust déclara qu’elles sont «forcément incomprises au jour de leur création car elles seules peuvent engendrer le public capable plus tard de les comprendre». Les témoignages sur cette soirée de première sont multiples. La salle était comble du public parisien le plus chic, le plus cultivé, mais aussi le plus snob du moment. Ce même public qui, s’il avait mal vécu l’érotisme de L’Après-midi d’un faune la saison précédente, assisté avec indifférence au tout nouveau Jeux de Debussy mais s’était délecté de la sensualité flamboyante de Shéhérazade quelques jours auparavant, ne s’attendait pas à de telles audaces musicales et chorégraphiques. Des insultes riches en images tout comme les cris d’enthousiasme fusèrent pendant la représentation même et devaient devenir célèbres. 

    Ce Sacre initial ne connaîtra au final que huit représentations, cinq ici-même puis trois à Londres en juillet 1913. Ce ne fut pas le scandale de sa création qui lui fut fatal mais les raisons de cœur, Nijinski ayant eu l’affront de quitter Diaghilev pour convoler en justes noces. Il fut banni par le maître et l’ensemble de ses ballets retirés du répertoire de la compagnie. Sept ans plus tard, en décembre 1920, Les Ballets Russes sont de retour avenue Montaigne pour y donner leur 13e Saison parisienne. Le Sacre est inscrit au programme, toujours avec les décors et costumes originels de Nicolas Roerich, mais dans une nouvelle chorégraphie de Leonide Massine, désormais «compagnon» de Diaghilev et chorégraphe en titre de la compagnie.

    Le Sacre du printemps
    Le Sacre du printemps, 1913 © Roger Violet

     

    Le renouveau du Sacre
    Au début des années 1970, une Américaine, Millicent Hodson, chorégraphe et historienne de la danse et un Anglais, Kenneth Archer, historien d’art, s’attachent à redonner vie au Sacre de Nijinski. Pour cela, ils réalisèrent un minutieux travail sur les différentes sources encore accessibles, quelques rares photographies, les dessins de Valentine Gross, les esquisses de Roerich, les différents récits de celles et ceux qui participèrent à cette aventure dont celui de Marie Rambert, qui avait été « assistante pour les mouvements» de Nijinski en 1913. En septembre 1990, ce Sacre « reconstitué » dans la version Nijinski retrouvait sa scène d’origine à l’occasion des représentations du Joffrey Ballet. Depuis, cette reconstitution est entrée au répertoire de nombreuses grandes compagnies internationales, dont celle de l’Opéra de Paris en 1991 et du Mariinsky de Saint-Pétersbourg en 2003.

    Le-Sacre-du-Printemps
    Le Sacre du printemps (reconstitution Millicent Hodson et Kenneth Archer), Ballet du Mariinsky © Photo Natasha Razina

     

    Le Sacre du printemps, Pina Bausch
    Le Sacre du printemps, Pina Bausch © Zerrin Aydin Herwegh

     

    La fascination du Sacre
    Parmi les nombreuses chorégraphies qui ont vu le jour au cours du XXe siècle – Le Sacre est sans doute la pièce musicale qui a été la plus chorégraphiée depuis sa création –, celles que signèrent Maurice Béjart en 1959 et Pina Bausch en 1975 restent parmi les plus célèbres et emblématiques.  L’un et l’autre y retrouvaient la violence primitive, tribale, que Stravinsky avait voulu donner à sa partition. Lors de la célébration conjointe du centenaire de l’inauguration du Théâtre et de la création du ballet en mai 2013, la chorégraphe berlinoise Sasha Waltz en avait offert aux parisiens une nouvelle version tout aussi passionnante.

    Le Sacre au concert
    Mais au-delà du ballet, Le Sacre s’imposa également très vite dans le répertoire symphonique des plus grandes formations à travers le monde. Le Théâtre, dans toute son histoire, fut le témoin de quelques exécutions qui restèrent légendaires, et s’il fallait n’en citer qu’une, ce serait celle que donna Pierre Boulez le 18 juin 1963 pour célébrer le cinquantenaire de l’œuvre et du Théâtre et que vous pouvez écouter sur le lien ICI.

    D’autres grands noms de la baguette (Désormière, Munch, Rosenthal, Markevitch, Maazel, Ozawa, Rattle, Gergiev, Gatti, Pekka Salonen, Nézet-Séguin …) le firent résonner sous la coupole de Maurice Denis. Dernier en date, François-Xavier Roth en donna en septembre 2022 une mémorable version sur instruments historiques qui a été capté et que vous pouvez regarder ICI.

    Partition du Sacre du Printemps
    Première page de la partition du Sacre © Fondation Sacher

    Si Stravinsky en ce printemps 1913 connaissait déjà les honneurs grâce à ses ballets précédents (L’Oiseau de feu, Petrouchka), la chorégraphie de Nijinsky bousculait les conventions de l’art du ballet, apparaissant d’autant plus révolutionnaire qu’elle émanait d’un interprète prodige formé au sein du prestigieux Théâtre Mariinski, temps de l’Ecole russe du ballet. A l’instar des Demoiselles d’Avignon de Picasso quelques années plus tôt, la création du Sacre devint immédiatement l’emblème de la modernité tant dans le domaine musical que chorégraphique, référence qu’elle continue d’être encore aujourd’hui.

    Rendez-vous le 5 juin prochain pour la suite et fin du récit de cet incroyable printemps 1913 avenue Montaigne.