Continuer sans accepter

Nous respectons votre vie privée

Avec votre accord, nous utilisons des cookies ou technologies similaires pour stocker et accéder à des informations personnelles comme votre visite sur ce site. Vous pouvez retirer votre consentement ou vous opposer aux traitements basés sur l'intérêt légitime à tout moment en cliquant sur "En savoir plus" ou dans notre page dédiée aux cookies sur ce site.

Bienvenue sur le site du Théâtre des Champs-Elysées

Le Théâtre des Champs-Elysées et ses partenaires déposent des cookies et utilisent des informations non sensibles de votre appareil pour améliorer leurs produits et afficher des publicités et contenus personnalisés. Vous pouvez accepter ou refuser ces différentes opérations. Pour en savoir plus sur les cookies, les données que nous utilisons, les traitements que nous réalisons et les partenaires avec qui nous travaillons, vous pouvez consulter notre page dédiée à la gestion des cookies.

    Calendrier

    Les hautbois d'Atys

    Avant l’invention de l’opéra par Lully, les instrumentistes ne formaient pas un orchestre, mais intervenaient en bandes constituées et faisaient partie intégrante de la dramaturgie visuelle des spectacles de cour, donnés dans de vastes galeries. On mêlait alors aux violons « les flageolets, les flûtes, les musettes, les hautbois et les cromornes », et on les faisait paraître « vêtus en tritons, en sirènes, en faunes, en satyres, en maures, en nymphes et en bergers1». Les musiciens entraient et sortaient en procession avec les chanteurs et les danseurs, ou pouvaient prendre place dans des chars mobiles et sur des gradins. (fig. 1) 

    En 1676, Atys fait encore appel à des ensembles de vent, notamment des flûtes, mais aussi des anches doubles. Au 2e acte, huit Zéphirs jouent un air mêlant hautbois et cromornes : l’esprit du consort de la Renaissance semble encore vivace. Quoique bref, cet Air des Zéphirs était une occasion unique, pour le CMBV et ses partenaires, de reconstruire un ensemble de hautbois adéquat pour interpréter les tragédies lyriques de Lully. C’est ainsi qu’est né le projet des « Hautbois d’Atys ».

    À l’époque de Louis XIV, le hautbois est une nouveauté très appréciée : « de la manière dont on en joue maintenant chez le roi et à Paris, il y aurait peu de chose à en désirer2», commente Michel de Pure en 1668. (fig. 2) 

    C’est que des modifications structurelles ont été apportées à l’instrument, dans une temporalité correspondant à celle de la carrière de Lully à la cour ; Michel de La Barre assure que l’élévation du Surintendant « fit la chute totale de tous les anciens instruments, à l’exception du hautbois, grâce aux Philidor et Hotteterre, lesquels ont tant gâté de bois et soutenu de la musique, qu’ils sont enfin parvenus à le rendre propre pour les concerts3». (fig. 3)

    À l’époque de la création des premiers opéras de Lully, les hautbois sont souvent mentionnés en compagnie des cromornes ; les deux termes désignent en réalité la même famille instrumentale4. La basse de cromorne (instrument de plus de 2 mètres de long) était donc la « basse du hautbois5 » jusque dans les années 1680, avant d’être remplacée par le basson, plus maniable. Atys (1676) serait une des dernières œuvres dans lesquelles Lully fait appel à un consort d’anche double complet. Si la musique est écrite à quatre parties, le livret distingue 5 musiciens jouant des hautbois et 3 jouant des cromornes. Les recherches de Geoffrey Burgess ont démontré la probabilité d’un groupe atypique formé de 5 hautbois jouant le dessus, 1 taille de cromorne jouant la haute-contre, 1 taille de cromorne jouant la taille, et 1 basse de cromorne jouant la basse. (fig. 4)

    La reconstruction de cet ensemble instrumental a réuni le CMBV, l’IReMus et le Musée de la musique-Philharmonie de Paris. Des instruments originaux proches de la première génération du hautbois baroque ont été identifiés dans les collections du Musée et copiés d’abord à l’identique, pour obtenir des « instruments-témoins ». Parallèlement, la prise de mesures numériques (tomophotographies) a permis la réalisation d’impressions numériques 3-D en résine des deux dessus de hautbois. (fig. 5)

    Forts des comparaisons ainsi rendues possibles, commande a été passée à quatre facteurs de hautbois (Henri Gohin, Thierry Bertrand, Olivier Clémence et Alberto Ponchio) d’instruments conformes aux originaux mais adaptés pour être jouables au diapason usuel de 392 Hz. Conjointement à cette reconstruction, une étude sur les anches historiques a été mené (incluant la récolte, et le grattage séchage du roseau selon les techniques anciennes), ainsi qu’un travail sur les doigtés en accord avec les sources historiques. (fig. 6)

    La reconstruction des « Hautbois d’Atys » est un projet soutenu par Monsieur Romain Durand, Grand mécène du CMBV – instruments Durand Milanolo.


    Benoît Dratwicki et Neven Lesage
    Centre de musique baroque de Versailles

      1 Cl.-Fr. MENESTRIER, Des ballets anciens et modernes selon les règles du théâtre, Paris, Guignard, 1682, p. 205 et 208.
      2 M. de PURE, Idée des spectacles anciens et nouveaux, Paris, Brunet, 1668, p. 274.
      3 M. de LA BARRE, Mémoire sur les musettes et hautbois, F-Pan/ O1 1878, n° 240.
      4 Voir V. ROBIN, « Hautbois et cromorne en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, essai de clarification terminologique » dans Basler Jahrbuch für historische Musikpraxis XXVIII, Bâles : Scola Cantorum Basiliensis, 28 (2004), pp. 23-36.
      5 J.-B. de LA BORDE, Essai sur la musique ancienne et moderne, Paris : Onfroy, 1780, t. 3, p. 323.

     

    Rendez-vous le mardi 26 mars 2024 à 19h30 !