

Si je ne suis pas en tournée, vous me trouverez à la maison, à faire ce que font les gens tous les jours… amener les enfants à l’école ou prendre le petit-déjeuner avec eux (Ian Bostridge a une fille de 8 ans et un fils de 14 ans, ndlr). C’est étrange, avec le chant, j’ai l’impression de travailler tout le temps : même si je n’ai pas de concert ce jour-là, je prépare des choses, j’ai des interviews, ou bien j’écris…
En principe, il n’y en a pas. En revanche, si je suis en vacances, c’est différent : dans ce cas, je ne chante pas. Comme cet été, où je pars une semaine en France, deux en Italie et deux autres en Californie.
Sinon, je suis toujours en train d’apprendre, et ça prend tellement de temps ! En ce moment, je dois mémoriser un nouveau programme Schubert (ce qui veut dire à peu près une heure de lieder en allemand), et Ulysse de Monteverdi – et ça, c’est de l’italien de la Renaissance… Tout cela, en sachant que je déteste apprendre – surtout au début, lorsqu’on ouvre la partition, et que l’on essaye de l’apprendre à moitié par cœur et de comprendre de quoi cela retourne. Une fois que je l’ai à peu près digérée, ce n’est plus que de la répétition, ce que j’aime assez – être assis au piano et se laisser absorber par la musique.
Ecrire, c’est pénible aussi, mais différemment… Non, ce que j’aime, c’est lire !
La plupart de mes lectures se font en voyage… Je lis par vagues. Plus tôt cette année – je n’avais jamais rien lu d’Edith Wharton – j’ai lu trois de ses romans. Le mois dernier, je lisais beaucoup de choses sur la politique et l’économie, car j’étais très engagé dans ce qui se passait en Grande-Bretagne avec les élections. Parmi ces lectures, il y a eu un aperçu très marxiste des travaux sur le capitalisme par un incroyable géographe, David Harvey, puis un livre sur les gens qui gouvernent la Grande-Bretagne : non seulement le gouvernement, mais aussi les juges, les membres du parlement, les fonctionnaires… Habituellement, ces gens sont issus d’études universitaires dans des matières telles que l’histoire anglaise, politique, philosophie, le latin ou le grec ; très Oxford-Cambridge. Mais c’est en train de changer.
Pancakes au bacon et fruits rouges
Cuisiner un énorme et pas très sain petit-déjeuner, composé de pancakes américains avec du bacon, du sirop d’érable et des fruits rouges.
Le vert, le son de cloches d’églises… et l’odeur de bacon grille !
Je n’en porte pas et je n’en fais pas, donc aucun des deux !
J’écoute moins de musique qu’avant; mais en tout cas, ce n’est pas de chant – du piano, des quatuors à cordes… Et d’autres choses qui viennent naturellement avec les enfants: comme les chansons des Beatles. C’est sympa de chanter ensemble. C’est devenu tellement facile, avec des services comme Spotify, de trouver n’importe quelle chanson – même les Beach boys ! – sans avoir à acheter le CD.
La cuisine a été mon principal moyen de me détendre ; cela l’est moins, maintenant que je suis si souvent en tournée. Je sens que j’ai besoin de rester sur place une bonne semaine avant de retrouver le groove de la cuisine. Aujourd’hui… je ne me détends probablement jamais ! Non, ce n’est pas vrai – mais je fais des choses ordinaires. Cette semaine, je suis allée faire une intervention au Hay festival, un grand festival littéraire dans le Wales, et ma famille m’a rejoint. On a fait une grande promenade…
Je viens d’apprendre que ma tension est un peu plus haute que nécessaire, et je me dis que je dois apprendre à me relaxer : je suis sans cesse tendu. Le chant, c’est anxiogène…
On regarde de vieux films et des séries britanniques, comme la très merveilleuse série comique Faulty Towers, qui se passe dans un hôtel épouvantable dans les années 1970. C’est brillant.
C’était dans la chorale d’église dans le South London où j’habitais à l’époque. J’ai un souvenir très net d’arriver avec mon père dans sa voiture sur-sophistiquée – il s’était acheté une Bentley d’occasion avec un toit ouvrant, une voiture des années 1950. Et j’étais tellement embarrassé que je ne le laissais pas se garer devant l’église. Dans les années 1970, les gens étaient embarrassés par la consommation ostentatoire. Ça n’avait même pas coûté si cher que ça, mais j’avais pensé « Flûte, voilà une voiture vraiment flashy ».
On habite à cinq minutes à pied de Hampstead Heath, un parc absolument génial. Il y a toutes sortes de promenades différentes, une partie avec un court de tennis, puis, quand vous vous éloignez un peu, vous êtes soudain à la campagne. Il y a la forêt ancienne de Kenwood, qui change de couleur en fonction de la saison… Et, un peu plus loin, Kenwood House, construite par Robert Adam – probablement le plus célèbre des architectes anglais du 18e – une superbe maison qui abrite une collection de peintures incroyable.
Parc du Hampstead Heath
A Sienne, sur la piazza del Campo où se tient le Palio. Ou à Rome – la lumière y est d’une si belle couleur.
Récital « One charming night »
21 mars 2016
La Passion selon Saint-Jean
23 mars 2016