À la rencontre de... Chen Sa

Considérée comme l'une des grandes pianistes chinoises de sa génération, Chen Sa se produit pour la première fois avenue Montaigne. Révélée à 16 ans lors de la finale du prestigieux Concours international de piano de Leeds, puis lauréate du prix Crystal au Concours international de piano Van Cliburn en 2005, elle se produit depuis dans le monde entier. 

La musique, vocation précoce ou gène familial ?

Sans doute un peu des deux. Mes parents étaient des amoureux de la musique. Mon père jouait de plusieurs instruments et ma mère était danseuse. Dans mes souvenirs, ils se retrouvaient avec des amis en dehors de leur travail, pour jouer de la musique - improvisant des chansons, jouant de la guitare, etc… Plus tard, j’ai intégré leur groupe 😊 C'était une belle "scène musicale" créée de toutes pièces. Mes parents m'ont d'abord laissée essayer le violon puis j'ai décidé de me mettre au piano. Depuis, ils m’ont soutenue et encouragée avec amour tout au long de mon parcours.

Une décision importante dans votre vie ?

En dehors de la décision initiale de choisir le piano comme compagnon d'enfance, j'ai ressenti, jusqu'à la fin de ma vingtaine, le besoin de passer par les concours  pour stimuler mon développement, en tant que pianiste mais aussi en tant que personne. Il y a eu une période où je me sentais un peu "perdue", où je n'arrivais pas vraiment à comprendre le sens de l'existence et le lien avec la musique. Puis en 2005, j’ai décidé de participer à un dernier concours, juste pour voir si je pouvais retrouver quelque chose d'essentiel au travers d’une préparation intensive, entourée de beaucoup de musique et de grandes œuvres. Et, heureusement, le résultat a été saisissant, presque une renaissance. Ce fut un tournant décisif.

Votre premier choc musical ?

Le Concerto n° 2 de Brahms par Sviatoslav Richter que j’ai entendu sur une cassette lorsque j'avais environ 6 ans. C’était presque comme un appel spirituel pour moi, ouvrant un vaste univers épique. Je me suis sentie si petite, mais totalement inspirée et éclairée.

Une source d’inspiration ?

Je vais vous en citer une parmi d'autres : Jean-Rodolphe Kars. Un grand pianiste ! Son enregistrement live des Vingt regards sur l’Enfant Jésus de Messiaen qui date des années 1970 est absolument incroyable. Il est ensuite devenu prêtre, cessant de se produire en concert. J'ai été très impressionnée par son parcours personnel et honorée, grâce à mes amis Zhu Xiao-Mei et Michel Mollard, de l'avoir rencontré et d'avoir joué pour lui il y a quelques années. Son honnêteté et sa générosité dans l’interprétation musicale, ainsi que sa profondeur dans la compréhension de Messiaen, m'ont considérablement inspiré.

Quels sont les compositeurs dont vous vous sentez le plus proche et pourquoi ?

Nous, les pianistes, avons la chance d’interpréter tellement de compositeurs merveilleux, chacun d’entre eux nous offrant un univers totalement différent. Il est donc difficile de n’en choisir que quelques-uns, mais pour mon prochain récital à Paris, ces quatre compositeurs ont chacun leur propre signification pour moi :

  • Beethoven : le courage, la sagesse et la force de volonté.
  • Chopin : c’est pour moi un poète révolutionnaire.
  • Franck : le côté religieux et paradoxal.
  • Messiaen : un langage sonore exquis, une "joie" brute et simple.

Y a-t-il des influences extra-musicales – littérature, peinture, philosophie – qui vous nourrissent ?

Je n’en suis pas certaine, mais j’apprécie particulièrement Hermann Hesse, Shi Tiesheng (史铁生) et Albert Camus. Je suis également très attirée par Pina Bausch et l'art moderne. En dehors de cela, la nature reste pour moi une source de joie, comme toujours.

Un lieu qui vous inspire ?

Chez moi !

Un rituel avant d’entrer en scène ?

Être seule et tranquille.
Avec du café noir, du chocolat noir, et un peu de parfum.

Y a-t-il un de vos concert qui reste gravé dans votre mémoire ?

Peut-être le premier concert public de ma vie, alors que j'avais 9 ans. J'y ai joué la Valse op.18 de Chopin et une pièce chinoise intitulée Voyage avec une étoile.

Votre plus grande émotion en tant que spectateur -trice ?

Claudio Abbado à Lucerne, avec la Neuvième Symphonie de Mahler. J'ai été transportée dans un autre univers jusqu'à ce que je sorte de la salle de concert.

Vos passions en dehors de la musique ?

L’écriture, la randonnée ou la cuisine

Si vous n’étiez pas musicienne, vous seriez…

Peut-être photographe ou designer

Retrouvez Chen Sa en récital le 17 janvier 2026
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