
Publié le 23/10/2025
Publié le 23/10/2025
Lors de son ouverture au printemps 1913, le théâtre avait d’emblée séduit par sa modernité : modernité de sa structure en béton armé qui permettait pour la première fois de créer des balcons suspendus sans colonnes, par sa façade sans fioritures ornementales annonçant le futur mouvement art déco et sa programmation flamboyante. Si une importante de campagne de rénovation de la salle a eu lieu au mitan des années 80, suivie de chantiers réguliers depuis cette date, le temps était venu de se pencher sur l’extraordinaire plafonnier de la salle.
On s’extasia en 1913 sur cette salle en demi-cercle et ses balcons sans colonnes et sur son plafond, qui pour la première fois abandonnait le principe du lustre suspendu au profit d’un plafonnier intégré. Ce « bouclier lumineux », comme le baptisa l’architecte Auguste Perret, représentait un décor floral avec pistil et pétales lumineux d’où jaillissent des rayons lumineux, sur une surface de 175 m2. Composé de 131 vitraux, il est ceint d’une coupole de 300 m2 de peintures marouflées de Maurice Denis,peintre nabi, représentant une histoire allégorique de la musique.
En 1912, l’époque est toutefois aux prémices de l’éclairage électrique et le matériau disponible pour une telle réalisation est relativement limité. On utilisa alors des ampoules nues, avec parfois des réflecteurs, qui permis de diffuser une lumière « chaude » mais sans grandes possibilités de modulation.
Montage du bouclier central en 1912, illustration parue dans Sciences et Vies, n° 1, avril 1913.
L’installation d’éclairages de 1913 à 1986, lampes incandescentes puis halogènes suspendues
Le pistil de la fleur, vue depuis la partie technique en 1986
Ce système perdura jusqu’en 1986 où l’on passa alors à un éclairage halogène tout en conservant l’installation originelle de sources lumineuses suspendues. En 2003, on remplace l’ensemble des halogènes par une nappe de tubes néons, technique en vogue au début du XXIe siècle, et qui changea profondément l’ambiance lumineuse de la salle en dispensant dès lors un éclairage froid et uniforme. Autre conséquence, l’installation d’une toile de jute tout autour de la verrière pour masquer les installations techniques et qui nuisent considérablement à la vision que l’on peut avoir des toiles de Maurice Denis qui disparaissèrent dans un halo terne.
Spots halogènes installés en 1986
Vue 3D du projet d’éclairages
À la fois pour des raisons esthétiques et patrimoniales et afin de répondre aux nouvelles exigences environnementales, il a été décidé il y a trois saisons de mettre en route une campagne de rénovation complète de ce « bouclier ». Dès les premières études, ce projet de restauration avait pour but de redonner vie et brillance à cette composition architecturale en procédant au nettoyage complet de la verrière et en y intégrant un nouveau dispositif d’éclairage respectant à la fois la composition florale de sa structure et la mise en valeur des couleurs originelles des peintures de Denis, conçues comme le prolongement naturel du lustre. La dépose de l’ancien système devenu obsolète, dangereux et énergivore devait également permettre une réduction drastique de la consommation électrique, tout en préservant l’aspect patrimonial du plafond.
Nouvel, éclairage patrimonial
Pour mener à bien ce chantier, il a fallu, au-delà de nombreuses études préparatoires en amont (relevés en 3D, modélisation, étude structurelle et travail en lumière assistée par ordinateur…), imaginer le moyen de dépose des 241 sources lumineuses en place et la pose des nouveaux modules. Ces deux phases n’ont pu se réaliser qu’en organisant l’intervention de cordistes expérimentés, unique moyen d’accéder à l’espace de travail sans endommager les verres d’époque. Cette phase délicate achevée s’est poursuivie par le réglage des différents paramètres permettant le déploiement des tableaux lumineux historiques que de nombreuses recherches documentaires ont permis de reconstituer jusqu’à la création des nouvelles partitions lumineuses en jouant sur les intensités lumineuses et les couleurs. C’est donc ce nouveau joyau de technicité colorimétrique que vous pouvez admirer à chacune de vos venues et qui a permis également de rendre toutes sa vivacité et sa présence aux peintures.
Été 2025 : quelques photos du chantier en cours et des effets lumineux
Travaux en site classé monuments historiques
Durée d’études : 6 mois
Durée des travaux : 7 semaines
385 luminaires LED
Près de 3.000 circuits de commandes numériques
Une infinité de scénarii programmables : 4 fois plus de niveaux d’éclairements que précédemment pour 2 fois moins de consommation électrique (scenario « patrimonial »)
2 000 000 lm soit l’équivalent de 2500 lampes domestiques
Maîtrise d’œuvre
BLPRRC – Paul Ravaux, architecte
ProjetScénie – Yann Jourdan – Conception lumière & réalisation
Maîtrise d’ouvrage
Déléguée : TELMMA – Pierre Solignac
SEGTCE – Théâtre des Champs-Elysées
CSPS : coordium-sps
OPC : Inside-ac
DRAC île-de-France
Isabelle Maurin Loutrel
Entreprises
Cordistes : COLIBRI
Électricité : Pezant
Serrurerie : BC Maintenance
Intégrateur lumière : D6 Bell Light